Lettre d’opinion de David Chartrand parue dans le Hill Times.
Le gouvernement canadien a l’occasion de tirer parti des compétences, de l’empreinte industrielle et des capacités technologiques développées au fil des décennies pour faire croître la branche militaire de l’industrie aérospatiale du Canada, écrit David Chartrand. Avec l’aimable autorisation de Wikimedia Commons
Le processus de remplacement des CP-140 d’Aurora n’est guère sur le radar de la personne moyenne, mais un processus intéressant est en cours, qui mérite l’attention du public et qui risque d’avoir un impact sur l’une des industries canadiennes sous-évaluées, le sous-secteur aérospatial.
Le projet d’aéronef canadien multi-mission (ACMM) est considéré comme une occasion de sortir des sentiers battus en ce qui concerne l’avenir de la technologie de surveillance et de reconnaissance pour les forces armées canadiennes. Habituellement, un projet de cette ampleur, et d’ailleurs tout autre projet, fait l’objet d’un processus d’appel d’offres au cours duquel différentes entreprises soumettent leurs offres. Le processus d’approvisionnement permet de s’assurer que l’argent des contribuables canadiens est dépensé de manière efficace et responsable ; en d’autres termes, le processus d’appel d’offres permet au Canada d’en avoir pour son argent. C’est ce que les Canadiens attendent de notre gouvernement, qu’il s’agisse de contrats militaires ou, d’ailleurs, de tout autre projet où l’argent des contribuables est dépensé.
Le projet de l’AMMC suscite l’intérêt de nombreuses entreprises qui ont l’intention de soumissionner. Cependant, un fabricant étranger en particulier exerce des pressions sur le gouvernement canadien pour qu’il contourne un processus standard et prenne une décision le plus rapidement possible. Pire encore, le gouvernement canadien semble céder à la pression et exclure d’autres entreprises de l’appel d’offres, au détriment des entreprises nationales qui veulent simplement avoir l’occasion de présenter une offre et d’entrer en concurrence. Une entreprise en particulier est un incontournable de l’aérospatiale canadienne, avec des décennies d’expertise qui ont fait la renommée des produits aérospatiaux canadiens. En fait, les alliés du Canada, comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suède, pour n’en nommer que quelques-uns, font confiance aux aéronefs fabriqués par cette entreprise et les utilisent à des fins de surveillance et autres.
Si nos alliés font confiance à nos avions pour leurs missions de surveillance, le gouvernement canadien devrait à tout le moins permettre aux entreprises nationales de soumissionner pour le contrat et les options construites au Canada devraient être considérées sur un pied d’égalité avec celles des entreprises étrangères. En permettant au processus de se dérouler, on montrera que l’option canadienne n’est pas seulement meilleure parce qu’elle est nationale, mais qu’elle est plus rentable, qu’elle offre une meilleure valeur pour l’argent investi et qu’elle génère de nombreux autres avantages indirects pour notre économie et nos communautés. Une entreprise étrangère n’apportera aucune valeur ajoutée à notre économie, ni aux communautés qui dépendent de l’aérospatiale pour leurs emplois.
La décision concernant l’avion de chasse, qui coûte plusieurs milliards de dollars, met les libéraux dans une situation difficile, dit un spécialiste.
Un processus d’appel d’offres existe pour une raison, et peu importe les pressions externes, le processus doit être suivi. Exclure une entreprise canadienne de l’appel d’offres en faveur d’un fabricant étranger va à l’encontre de nos intérêts nationaux, ce qui est inexcusable. Le gouvernement canadien a l’occasion de tirer parti des compétences, de l’empreinte industrielle et des capacités technologiques développées au fil des décennies pour faire croître la branche militaire de l’industrie aérospatiale du Canada.
David Chartrand
Vice président général canadien
AIMTA