À l’occasion de la Journée internationale des peuples autochtones, le 9 août, la CSI réclame le droit à l’autodétermination des peuples autochtones dans le monde entier.
Le secrétaire général de la CSI, Luc Triangle, a déclaré : « Cette journée rappelle l’importance de la riche diversité culturelle, de la contribution historique et des luttes permanentes auxquelles sont confrontées les communautés autochtones. Les peuples autochtones sont victimes d’une discrimination systémique, d’une marginalisation et de la violation de leurs droits. Diverses questions, telles que l’exploitation des ressources naturelles sur les terres autochtones sans consentement et l’invasion de leurs territoires, nécessitent une attention immédiate ».
D’après les conclusion d’un rapport de l’Organisation internationale du Travail (OIT) :
- plus de 86 % de la population autochtone mondiale travaille dans l’économie informelle, contre 66 % de la population non autochtone ;
- les populations autochtones présentent près de trois fois plus de risques de vivre dans l’extrême pauvreté que les non-autochtones ;
- la proportion de travailleurs salariés est beaucoup plus faible chez les autochtones (27,9 %) que chez les non-autochtones (49,1 % 😉
- au niveau mondial, les autochtones gagnent 18,5 % pour cent de moins que les non-autochtones.
Luc Triangle a poursuivi : « Le droit à l’autodétermination est au coeur des luttes des peuples autochtones ; c’est sur lui que repose leur capacité à déterminer librement leur statut politique et à assurer leur développement économique, social et culturel. Ce principe est non seulement un droit, mais également une nécessité pour préserver l’identité, la culture et le mode de vie des peuples autochtones.
« Nous sommes solidaires des peuples autochtones dans leur quête de justice, d’égalité et d’autodétermination. Nous appelons les gouvernements, les entreprises et les organismes internationaux à ratifier et à mettre en oeuvre la convention n° 169 de l’OIT afin de protéger les droits des peuples autochtones dans le monde entier. »
La convention n° 169 porte sur les droits des peuples autochtones et tribaux. Elle offre un cadre complet pour protéger leurs droits sociaux, économiques et culturels, et souligne l’importance de leur participation aux décisions ayant une incidence sur leur vie et leurs terres. Ceci est essentiel à la durabilité des politiques et des programmes visant à relever des défis, tels que la pauvreté, l’inégalité, les conflits sociaux et le changement climatique.
Outre la ratification et la mise en oeuvre de la convention n° 169, la CSI réclame :
- le respect des droits fonciers : avant d’entreprendre des projets sur les territoires des autochtones, les gouvernements et les entreprises ont l’obligation d’obtenir leur consentement libre, préalable et donné en connaissance de cause ;
- la protection et la célébration du patrimoine culturel : les traditions et les langues des peuples autochtones doivent être préservées pour les générations futures ;
- un développement inclusif : les politiques doivent respecter les droits et les besoins des communautés autochtones et inclure ces dernières dans la prise de décisions.
Les syndicats renforcent la représentation des peuples autochtones dans leur organisation et établissent des alliances avec les organisations de peuples autochtones afin d’aborder des questions d’intérêt mutuel, notamment le respect de la convention n° 169 de l’OIT :
- Nouvelle-Zélande : les syndicats promeuvent une législation visant à rendre obligatoire le signalement des écarts de rémunération selon le genre et l’appartenance ethnique. Cette transparence est essentielle pour réduire l’écart de rémunération considérable entre hommes et femmes auquel sont confrontées les femmes autochtones. Alors que, dans l’ensemble, l’écart de rémunération entre hommes et femmes en Nouvelle-Zélande est de 8,6 %, les femmes du Pacifique en Nouvelle-Zélande gagnent environ 26,5 % de moins que les hommes non autochtones.
- Australie : les syndicats s’efforcent de garantir une forte représentation des travailleurs aborigènes et insulaires du détroit de Torres, en leur donnant les moyens d’obtenir des salaires justes, une protection sociale et un emploi autodéterminé et épanouissant.
- Norvège : la Confédération des syndicats de Norvège (LO, Norvège) promeut la culture et l’identité des peuples autochtones moyennant les fonctions de direction, la diffusion culturelle et le soutien au processus de vérité et de réconciliation.
- Amérique latine : pour demander des comptes aux gouvernements, les syndicats utilisent les mécanismes de contrôle de l’OIT, en mettant notamment l’accent sur des questions telles que la sécurité au travail et le travail forcé.
- Les observations de la Central Autónoma de Trabajadores del Perú (CATP) mettent en évidence les lacunes des procédures judiciaires concernant l’assassinat de dirigeants syndicaux autochtones, le harcèlement permanent auquel sont confrontées les familles des victimes et le trafic illicite de bois, favorisé par la pratique de l’« habilitación », qui consiste à soumettre des membres des communautés autochtones au travail forcé (15 septembre 2023).
- Les observations de la Confederación General del Trabajo de la República Argentina (CGT-RA) et de la Central de Trabajadores y Trabajadoras de la Argentina (CTA) font référence aux conditions préoccupantes de sécurité au travail pour les travailleurs issus des communautés autochtones et signalent des actes de violence et un recours excessif à la force de la part de la police durant des manifestations. La CTA fait également état de l’absence de consultation durant le processus de réforme de la Constitution de la province de Jujuy en 2023. Les déclarations des délégués des travailleurs à la Commission de l’application des normes de la 109e Conférence internationale du Travail (2021) sur l’application de la convention n° 169 par le gouvernement du Honduras font état d’actes de violence commis à l’encontre des peuples autochtones.