Qui a réellement profité du prétendu boom?

 

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, affirme que le boom économique est derrière nous. Nous devrons maintenant « rajuster nos attentes » et nous serrer la ceinture.

Une majorité de Canadiens se demandent peut-être à quoi le ministre Flaherty fait référence lorsqu’il invoque un boom et qui devra se serrer la ceinture.

Bien que les données générales sur la croissance économique au cours des dix dernières années aient été somme toute assez bonnes – jusqu’au moment du krach de 2008 –, relativement peu de personnes en ont bénéficié. Pendant que notre secteur manufacturier se faisait éviscérer, le boom produisait des profits records pour les industries des ressources et les secteurs financiers. Pendant que les banquiers et les PDG s’en mettaient plein les poches, une majorité de familles canadiennes peinaient à maintenir leur niveau de vie.

Le bénéfice réel des entreprises et des PDG a crû de plus de 50 % entre 2001 et 2008; quant à la croissance réelle du revenu du ménage moyen, elle n’a été que de moins de 7 % au cours de la même période.

La rémunération moyenne augmente de moins de 1 % par année, et l’endettement des familles canadiennes s’est donc alourdi. De 2001 à 2008, les dettes à la consommation ont augmenté de 93 % et les dettes hypothécaires, de 95 %. Ainsi, les Canadiens ont été plus vulnérables lorsque l’économie a piqué du nez.

Le « boom » de l’économie canadienne s’est traduit par l’élimination de centaines de milliers de bons emplois manufacturiers. Ces emplois ont été remplacés par des emplois précaires à temps partiel et occasionnels, occupés particulièrement par des jeunes.

Et c’était lorsque l’économie se portait bien, avant le krach et l’actuel taux de chômage qui dépasse les 8 % (et qui s’établit à près de 12 % si on tient compte des travailleurs découragés et des employés contraints de travailler à temps partiel).

Aujourd’hui, le ministre Flaherty et les ministres des Finances d’autres gouvernements nous disent que nous n’avons pas les moyens de réduire le chômage maintenant en raison des déficits budgétaires. Nous devons payer pour les excès des dernières années.

Cependant, les déficits budgétaires que continuent de cumuler nos gouvernements ne sont pas le résultat d’appareils gouvernementaux en expansion ou de fonctionnaires surpayés. Par rapport à la plupart des mesures, la taille de nos gouvernements a baissé. Les déficits budgétaires actuels et prévus découlent directement des réductions d’impôts consenties aux entreprises et aux riches.

Durant la dernière ronde d’équilibrage des budgets gouvernementaux au cours des années 1990, les gouvernements ont atteint l’équilibre budgétaire en coupant dans les services publics et les mesures de protection des travailleurs, comme les prestations d’assurance-emploi. Le gouvernement fédéral a été jusqu’à puiser plus de 50 milliards de dollars dans le fonds de l’a.-e. tout en réduisant les impôts des entreprises et des riches, contribuant ainsi à creuser l’écart entre les riches et les autres et menant directement à notre « crise » des déficits budgétaires.

Tout indique que le ministre Flaherty et ses homologues veulent répéter l’histoire. Plutôt que d’annuler des réductions d’impôt régressives, les gouvernements feront payer le prix de leurs mesures d’austérité aux familles travailleuses – sous la forme de restrictions des rémunérations, de hausses de taxes et de services publics réduits, augmentant du coup les iniquités et l’insécurité.

Bien que les familles canadiennes ayant bénéficié du boom économique aient été rares, ce sont elles qui feront principalement les frais de la réponse gouvernementale à l’effondrement de ce boom.