Fin octobre 2023, des milliers de femmes islandaises et de personnes non binaires ont organisé une journée de grève, connue sous le nom de “Kvennafrí” ou “Journée des femmes”, pour protester contre les inégalités salariales et la violence fondée sur le genre. Même le Premier ministre islandais, Katrín Jakobsdóttir, s’est joint au mouvement. Les syndicats ont largement organisé cette grève !
La grève a débuté à 14h38, symbolisant le moment de la journée de travail où les femmes islandaises cessent de gagner de l’argent par rapport à leurs confrères masculins.
La grève a connu un énorme succès et a mis en évidence le rôle important que jouent les femmes dans l’économie islandaise. En conséquence de la grève, les écoles ont été fermées, les transports publics ont été retardés, les hôpitaux ont manqué de personnel et les chambres d’hôtel n’ont pas été prises en charge. Le message était clair : les femmes font un travail essentiel et soutiennent l’économie de manière significative ; en leur absence, les services dont nous dépendons tous s’arrêtent.
La grève impliquait de quitter le travail, mais aussi de ne pas effectuer de tâches ménagères, afin de souligner le nombre d’heures disproportionné que les femmes consacrent au travail non rémunéré dans les ménages. Cette action visait à combler l’écart salarial persistant entre les hommes et les femmes et revêt une grande importance pour les femmes canadiennes.
La grève islandaise s’inscrit dans le cadre d’une action nationale menée en 2021 pour lutter contre l’écart salarial entre les hommes et les femmes et réclamer un salaire égal pour un travail égal. L’Islande a été à l’avant-garde de l’égalité des sexes, devenant le premier pays à rendre obligatoire la certification de l’égalité de rémunération en 2018.
Les employeurs comptant au moins 25 salariés devaient ainsi prouver qu’ils rémunéraient leurs employés de manière égale, quel que soit leur sexe. Bien que la grève n’ait duré que quelques heures, elle a permis de faire passer un message fort : les inégalités salariales fondées sur le sexe sont inacceptables.
Au Canada, il y a eu un mouvement historique en faveur de l’équité salariale. Elle a commencé avec la législation du Manitoba en 1986, suivie par l’Ontario en 1987, l’Île-du-Prince-Édouard en 1988, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse en 1989. Le Québec a ensuite mis en œuvre des lois similaires en 1996.
Les répercussions de la grève islandaise sur le Canada sont évidentes, car le pays est confronté à ses propres problèmes d’écart salarial entre les hommes et les femmes. Les données de Statistique Canada révèlent qu’en moyenne, les femmes canadiennes gagnent environ 87 cents pour chaque dollar gagné par les hommes. Cet écart se renforce encore pour les femmes issues de communautés minoritaires, ce qui met en évidence la dimension intersectorielle des disparités salariales.
Le Canada a fait des progrès législatifs en matière d’équité salariale. La loi sur l’équité salariale, par exemple, impose un salaire égal pour un travail de valeur égale dans la fonction publique fédérale. Néanmoins, il reste du travail à faire pour que ces principes soient appliqués dans les différents secteurs d’activité.
La grève islandaise est une source d’inspiration pour les défenseurs canadiens de l’équité salariale, car elle souligne l’importance de l’action collective dans la lutte contre les inégalités salariales entre les femmes et les hommes. Le Canada a introduit une législation fédérale sur l’équité salariale en 2018, une étape importante vers l’égalité salariale entre les sexes. Le chemin vers l’équité salariale se poursuit, avec des défis liés à la mise en œuvre et à l’application de la législation. Cependant, la grève islandaise souligne la nécessité permanente de faire pression en faveur de l’égalité salariale entre les sexes, tant au Canada qu’à l’échelle mondiale.
En résumé, la grève islandaise pour l’équité salariale est un puissant rappel de la lutte incessante pour un salaire égal pour un travail égal, une mission que le Canada partage. La grève interpelle les Canadiens et souligne la nécessité de poursuivre les efforts pour combler l’écart salarial entre les sexes au pays et le travail non rémunéré des femmes, le travail quotidien qui fait fonctionner nos familles et nos collectivités.
Cette grève souligne le pouvoir collectif des personnes qui réclament la justice et l’équité et montre que la lutte pour l’équité salariale est un mouvement mondial, qui transcende les frontières et inspire le changement dans le monde entier. Mais ce qui est peut-être le plus inspirant, c’est de savoir que le changement est possible, mais pas sans courage et sans action déterminée.