Edmonton, AB – Avec tous les rappels à l’effet que les sondages en Alberta se sont avérés dans le champ auparavant, les électeurs ici ont fait exactement ce que les experts ont prédit qu’ils feraient, c.-à-d. élire le Parti conservateur uni de Jason Kenny au pouvoir et… le scrutin n’a même pas été serré!
Le Parti conservateur uni (PCU) de M. Kenny a remporté 62 sièges, tandis que le NPD sortant, mené par Rachel Notlley, n’est parvenu qu’à conserver 25 sièges. M. Kenney et le PCU ont gagné malgré un scandale relativement aux commentaires racistes et homophobes faits par leurs candidats.
Propulsé au pouvoir en 2015 par une province qui voulait une solution de rechange à un règne conservateur de plusieurs décennies, le NPD de Mme Notley a eu des ennuis avec l’économie, en grande partie à l’instar du gouvernement néodémocrate de Bob Rae en Ontario en 1990. Comme M. Rae, Mme Notley a dû composer avec la situation qui lui avait été laissée entre les mains. Lorsque le marché international du pétrole s’est effondré en 2016, l’Alberta est entrée dans une récession prolongée et la reprise est tombée au point mort au début de 2019, alors que le taux de chômage est demeuré à 7 p. 100. Cela a donné à M. Kenny toutes les munitions dont il avait besoin pour remporter les élections. Il s’est attaqué au NPD pour avoir instauré des taux d’imposition plus élevés, alourdi la réglementation et augmenté le salaire minimum à 15 $ de l’heure.
À l’instar de son allié conservateur, le premier ministre de l’Ontario Doug Ford, M. Kenny promet que les 100 premiers jours de son mandat seront frénétiques, agressifs et, dans certains cas, carrément hostiles. Le premier point à l’ordre du jour est de défaire les mesures législatives mises de l’avant par le gouvernement néodémocrate précédent, y compris l’abrogation de la taxe provinciale sur le carbone. La friction avec Ottawa concernait le plan fédéral relativement au changement climatique et au fait que la mise au rebut du projet provincial pourrait se solder par l’imposition du plan de tarification du carbone fédéral en Alberta. M. Kenny promet qu’il contestera ce plan dans les tribunaux sur une base constitutionnelle, tout comme l’ont fait les gouvernements de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, du Manitoba et de la Saskatchewan.
Kenny portera également son attention sur la Colombie-Britannique, qui souhaite imposer une loi qui mettrait fin à toutes les expéditions de pétrole et de gaz comme moyen pour contrecarrer toutes les tentatives de la Colombie-Britannique visant à continuer à faire obstacle à l’expansion du Réseau d’oléoducs Trans Mountain.
La plateforme conservatrice sera suivie alors que l’on procédera à la mise en œuvre de ses promesses au cours des prochains jours, notamment en ce qui a trait à la réduction des taux d’imposition des sociétés, un retour en arrière pour l’idéal conservateur éprouvé de l’économie des effets de retombée. Cette idée n’a jamais fonctionné, mais les électeurs continuent de l’accepter! Comme l’Ontario, qui a procédé au gel du salaire minimum à 14 $ de l’heure, le gouvernement conservateur-uni réduira le salaire minimum offert aux jeunes à 14 $ de l’heure dans le cadre de ce qu’il prétend être une tentative visant à générer plus d’emplois pour les jeunes! Ce n’est tout simplement pas rationnel de penser ainsi dans une province où les salaires de départ se situent bien au-delà des 15 $ de l’heure actuels – si vous trouvez quelqu’un qui accepte de travailler à ce salaire.
Plus que toute autre chose, la victoire de M. Kenny met la table en vue des élections fédérales qui promettent d’être très intéressantes cet automne. Avec la victoire de M. Kenny, Ottawa a maintenant une autre province qui s’oppose à son projet de taxe sur le carbone. Les Libéraux provinciaux en Alberta n’ont pas réussi à faire élire un seul de leurs membres à ces élections et cela ne présage rien de bon pour le premier ministre Justin Trudeau cet automne.
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