Montréal- Le Syndicat des Machinistes (AIMTA), tient à rappeler aux partis fédéraux l’importance de générér des retombés au pays avec les contrats de remplacement des CF-18 et des CC-150 Polaris de l’Aviation royale canadienne afin qu’ils participent à la relance du secteur aérospatial, durement touché pendant la pandémie de COVID-19.
« Comme c’est le prochain gouvernement fédéral qui devra finaliser les deux démarches, on veut connaitre les intentions des chefs de parti à ce sujet, estime David Chartrand, Vice-Président canadien général de l’AIMTA. Selon les chiffres du Ministère de la Défense nationale, la valeur des deux contrats est estimée à environ 24 milliards, soit 19 milliards pour remplacer les CF-18 et 5 milliards pour remplacer les CC-150 Polaris. À ce prix-là, il est clair pour nous que ça prend des garanties de retombées économiques et des engagements en faveur de la protection et la création d’emplois de qualité au Canada. »
Concernant le contrat de remplacement des CF-18, gouvernement prévoit d’acheter 88 nouveaux avions. Le prochain gouvernement canadien devrait annoncer en 2022 s’il achètera le F-35 de Lockheed Martin, le Super Hornet de Boeing ou le Gripen de la Suédoise Saab. Le Canada est l’un des neuf pays ayant choisi de financer une partie des coûts pour la recherche et le développement du chasseur furtif F-35 de Lockheed Martin, en contrepartie, il aurait la possibilité d’en acheter à moindre coût. Depuis 1997, le Canada a investi 754 millions de dollars canadiens pour la recherche et le développement du F-35.
« Ce qui nous trouble avec la participation du Canada dans le développement du programme F-35 c’est qu’aucune garantie solide n’ait été négociée, ce qui est préoccupant pour l’industrie et les travailleurs et travailleuses, déplore David Chartrand. Le Canada met de l’argent dans le projet dans l’espoir d’obtenir des retombés et de payer moins cher si l’on décide d’en acheter. Peu importe qui obtiendra le contrat, le prochain gouvernement fédéral doit minimalement s’assurer que ça génère des retombées économiques et que le nouvel appareil réponde aux besoins du Canada. »
« Chez L3-Harris à Mirabel, nous avons des femmes et des hommes qui font des miracles pour que les CF-18 soient en état de marche. Alors que ces appareils devaient atteindre la fin de leur vie utile en 2003, plusieurs d’entre eux devront être maintenus en service au moins jusqu’en 2030. Sans les connaissances et l’ingéniosité de ce groupe de travailleurs, on serait dans le trouble. Ça serait la moindre des choses que le gouvernement fédéral s’engage à protéger ces emplois et ce savoir-faire qui est sans équivalent dans le monde. Malheureusement, Ottawa n’a pris aucun engagement quant à l’endroit où sera effectuée la maintenance des prochains appareils. »
L’entretien de la flotte de CF-18 de l’Aviation royale canadienne (ARC) est réalisé au Québec depuis près de 40 ans. Actuellement ce sont les travailleuses et les travailleurs de L3-Harris à Mirabel qui réalisent ces opérations.
« Quant au remplacement des CC-150 Polaris, je suis curieux d’entendre ce que les chefs de parti ont à dire, affirme le vice-président général canadien de l’AIMTA. Le premier ministre peut démontrer son engagement envers l’industrie aérospatiale en utilisant uniquement des avions conçus et construits par des Canadiens pour ses déplacements. Le premier ministre le fait déjà avec le Challenger de Bombardier pour ses déplacements sur de courtes distances, il pourrait le faire avec l’Airbus A220 pour ses déplacements sur de longues distances “, affirme David Chartrand.
Les cinq CC-150 Polaris sont entretenus par les membres de l’AIMTA travaillant aux installations de L3-Harris à Trenton. Ils servent au transport de cargaisons, de personnel militaire et du premier ministre. Deux appareils sont également équipés pour effectuer du ravitaillement en vol.
Airbus est le seul fournisseur à s’être qualifié pour le remplacement de CC-150 avec l’A330 MRTT alors qu’Ottawa espère que le contrat soit signé avant le printemps 2024. Le constructeur compte environ 3 800 employés à travers le Canada, avec des installations ou des bureaux à Ottawa, à Mirabel, au Québec, et à Fort Érié, en Ontario.
Finalement, pour renforcer notre écosystème aérospatial canadien et des entreprises comme Magellan Aerospace en Ontario, Avcorp en Colombie-Britannique, Stelia composite en Nouvelle-Écosse, Peraton Canada en Alberta, Héroux Devtek et CAE au Québec, le Canada doit garantir des retombées industrielles et technologiques lors de l’octroi de contrat public.
Le Syndicat des Machinistes (AIMTA) est le plus important syndicat au monde en aérospatiale avec plus 184 000 membres répartis sur 1 000 conventions collectives. Actif au sein de l’industrie aérospatiale québécoise depuis 1940, l’AIMTA représente aujourd’hui 65% des travailleurs et des travailleuses syndiquées du secteur. Nous retrouvons entre autres des membres des Machinistes chez Bombardier, Airbus, Stelia, Héroux-Devtek, Safran Landing, L3-MAS, AJ-Walter, Daher, Tekalia, Air Canada, Air Transat.