Par Aurélie Sarrabezolles
Directrice de la recherche de l’AIM Canada
Le 1er novembre, le ministre des Finances Morneau a livré une mise à jour économique et financière dont le point saillant est la création de la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) afin de financer de grands projets d’infrastructure. Le problème est que le gouvernement libéral financera cette banque à hauteur de 15 milliards de dollars à partir de fonds qui devaient financer des projets non commerciaux socialement utiles comme des services de garde à l’enfance ou des logements abordables pour des villes à court d’argent – tel que promis durant la campagne électorale fédérale de 2015.
De plus, la BIC aura pour mandat de financer des « projets d’infrastructure générateurs de revenus » seulement. Le but premier est de « faire financer des projets d’infrastructure publique par des capitaux privés ». Autrement dit, la banque financera des partenariats public-privé (ou PPP). L’AIM ne s’attendait pas à ce que le gouvernement fédéral aille aussi loin que faire appel au secteur privé dans des projets d’infrastructure majeurs. Une autre préoccupation est la possible privatisation d’aéroports invoquée dans la mise à jour. L’AIM s’y oppose catégoriquement et contestera le gouvernement libéral s’il décide d’emprunter cette voie.
En matière de création d’emplois, la mise à jour affirme que « les travailleurs canadiens font partie des travailleurs les plus scolarisés et les plus qualifiés au monde. » Pourtant, les libéraux veulent mettre en place une nouvelle stratégie d’immigration pour attirer des immigrants hautement qualifiés. Mettons plutôt l’accent sur notre propre main-d’œuvre d’abord et assurons-nous d’offrir des emplois décents à nos jeunes travailleurs. Nous voulons des mesures concrètes qui viendront en aide à nos jeunes travailleurs. Les programmes d’apprentissage font partie de l’ADN de l’AIM, et toute mesure visant à les améliorer obtiendra notre appui. Si le gouvernement veut vraiment aider les travailleurs à faible revenu, il doit alors agir sans tarder. L’AIM représente des milliers de membres qui travaillent dans les aéroports du pays et ils sont de plus en plus nombreux à faire les frais du roulement de contrats – une tendance grandissante. Il faut que ça cesse et c’est au gouvernement libéral d’y mettre fin pour le bénéfice de ces travailleurs.
Comme souligné par Thomas Walkom du Toronto Star, [traduction] « le problème de la privatisation est qu’elle finit habituellement par coûter plus cher aux consommateurs. Divers vérificateurs généraux sur la planète, incluant en Ontario, l’ont fait valoir dans le cadre de leur examen de partenariats public-privé. »
Les Machinistes comptent surveiller de près les actions de ce gouvernement libéral pour s’assurer que les emplois des membres ne sont pas encore une fois mis en péril par un programme corporatiste.