Le progrès provoque le refoulement, il en a toujours été et en sera toujours ainsi – Le chroniqueur Michael Coren
Toronto, ON – Le 1er janvier marquait une augmentation du salaire minimum en Ontario, celui-ci passant de 11,60 $ de l’heure à 14 $ de l’heure et il augmentera à 15 $ de l’heure le 1er janvier 2019.
C’est sans surprise que la réaction du monde des affaires a été immédiate et prévisible. La Banque du Canada a indiqué que cette augmentation coûtera 60 000 emplois. La surprise est venue de deux fronts, la méthode choisie par certaines entreprises pour répondre à l’augmentation et la réponse du grand public à ces méthodes!
Le déroulage du rebord en déroute!
Dans un cas qui peut potentiellement devenir un désastre en matière de relations publiques, le détaillant de café emblématique canadien Tim Hortons a réagi à l’augmentation salariale en s’en prenant à ses employés! Plus d’une douzaine de points de vente à l’échelle de l’Ontario, y compris deux à Coburg, à l’est de Toronto, appartenant à des héritiers de l’empire du beigne, Ron Joyce Jr et Jeri Lyn Horton-Joyce, ont effectué des coupures dans les périodes de pause et les avantages sociaux des employés. Certains points de vente ont retiré des avantages sociaux, des pauses et divers avantages aux employés, tout en leur exigeant de signer des documents acceptant ces changements. L’indignation publique a été rapide et déterminée avec des appels aux boycottage sur les médias sociaux, invoquant que Tim Hortons avait agi de façon tellement contraire aux valeurs canadiennes! La réaction de Tim Horton a été la plus publicisée, parce que chaque ville importante au Canada a au moins un point de vente, mais il y en a eu d’autres, Cineplex licencie du personnel, Sunset Grill augmente les mesures de récupération des pourboires de 25 p. 100, Wimpy’s et East Side Mario’s ont fait la même chose.
« Vous devez vous rappeler que les grandes sociétés emploient 50 p. 100 de la totalité des travailleurs qui touchent le salaire minimum en Ontario », explique Stan Pickthall, vice-président général canadien de l’Association internationale des machinistes (AIM). « Je souhaite que chaque détracteur de cette augmentation vive en ne gagnant que le salaire minimum pendant un certain temps, de façon à recevoir une bonne dose de réalité. Cette réaction impulsive de la part de plusieurs entreprises ne fait que montrer à quel point elles sont déconnectées de leurs travailleurs. Contrairement à ceux des PDG, ces nouveaux salaires ne sont pas détenus dans des comptes à l’étranger, ils retournent directement dans notre économie. »
Le véritable salaire minimum, corrigé en fonction de l’inflation, est resté constant depuis la fin des années 1970. Cela signifie que nous n’avons pas vraiment vu de modification du salaire du tout au cours de trois ou quatre dernières décennies, alors que le coût de la vie n’a jamais cessé d’augmenter.
Dans plusieurs pays européens, la politique gouvernementale établit le salaire minimum par rapport aux salaires des autres travailleurs, dans une proportion qui varie entre 50 et 60 p. 100 du salaire moyen. À l’heure actuelle, le salaire horaire moyen en Ontario est de 26,43 $, donc 60 p. 100 de ce montant équivaudrait à 15,86 $ de l’heure. « Il n’y a aucun salaire minimum imposé par la loi en Suède, en Finlande, au Danemark, en Norvège, en Suisse, en Islande et en Italie », explique M. Pickthall. « C’est parce que la négociation collective couvre tous les travailleurs et la rémunération minimale dans ces conventions collectives équivaut normalement à entre 60 et 70 p. 100 des taux de salaire moyens. » Lorsque les détracteurs affirment que notre économie ne peut se permettre un salaire minimum de 15 $ de l’heure parce qu’il est trop généreux, M. Pickthall souligne que le salaire minimum négocié au Danemark équivaut à 22,50 $ CAN de l’heure et le salaire minimum imposé par la loi en Australie équivaut à 17,50 $ CAN. « Les deux pays paient leurs travailleurs les moins rémunérés beaucoup plus généreusement que nous le faisons, mais ils ont des taux de chômage semblables à celui de l’Ontario à 6 p. 100 », ajoute-t-il.
- Pickthall affirme que les statistiques montrent que la majorité des travailleurs qui gagnent 14 $ de l’heure ne sont pas des enfants. En fait, en 2016, 64 p. 100 des travailleurs qui touchaient le salaire minimum au Canada étaient des adultes. « De faibles salaires aident à maximiser les profits, point final », déclare-t-il. « Une solution de rechange existe pour les travailleurs qui veulent une protection de leurs avantages sociaux, de leurs salaires, de leurs heures de travail, de la justice en milieu de travail et du respect au travail : se joindre à un syndicat! »
« Si vous croyez que le moment est venu d’être protégé par une convention collective, l’AIM est heureuse de vous en parler. Le moment n’a jamais été plus propice pour se joindre à un syndicat! », ajoute M. Pickthall.
-30-