Montréal, jeudi 30 novembre 2023– Pour nous, il y a rien qui justifie la décision d’y aller avec un contrat de gré à gré. Ce choix est une forme de désaveu envers notre industrie aérospatiale et les travailleuses et les travailleurs qui font sa renommée.
« Le gouvernement canadien vient de rater une opportunité d’être transparent avec les Canadiens, de donner l’opportunité a des entreprises d’ici de se faire valoir et de faire rayonner notre industrie, déclare David Chartrand, Vice-Président canadien de l’AIMTA. On vient de passer à côté d’une chance de renforcir notre industrie, ses capacités et son autonomie. Quel message ça envoie quand un gouvernement n’a pas confiance en son industrie aérospatiale et le savoir-faire des travailleurs et travailleuses qui la font vire quand vient le temps de se procurer de nouveaux avions? Quand tu as une entreprise comme Bombardier sur ton territoire, dont la qualité des produits est reconnue mondialement et qu’elle veut soumissionner pour un contrat public, la moindre des choses à faire aurait été de lui laisser une réelle chance de se faire valoir. »
Le choix d’y aller avec un contrat de gré à gré a sans doute réduit notre capacité à obtenir des garanties.
« Comme syndicaliste si je me présente à une table de négociation en disant à un employeur qu’on va accepter ce qu’il va proposer avant même d’avoir commencé à négocier je risque d’avoir de la difficulté à faire mon travail; c’est une peu ce que vient de faire le Canada avec Boeing estime M. Chartrand. Ça aurait été la moindre des choses de prendre le temps d’analyser les différentes options à l’intérieur d’un processus d’appel d’offres transparent et équitable. Un processus qui fait passer nos intérêts en premier lieu. »
Le gouvernement a confirmé que la Politique canadienne des retombées industrielles et technologiques (RIT) allait s’appliquer au projet.
« C’est une bien mince consolation, soutient M. Chartrand. Plutôt que d’évaluer la possibilité de choisir un appareil fabriqué ici et qui pourrait devenir la nouvelle génération d’avion de patrouille maritime, on va devoir se contenter de ce que Boeing va bien vouloir nous laisser. Une chose est certaine il va agir en fonction de ses intérêts avant ceux de notre industrie, celle de l’économie et des citoyens canadiens. »
Une nouvelle preuve que le Canada a besoin d’une politique aérospatiale
« Le gouvernement prétend que sa flotte actuelle de CP-140 « devient de plus en plus difficile à soutenir et couteuse à entretenir », alors qu’il a approuvé en 2019 des projets de modernisation d’une valeur de 1,9 milliard de dollars pour étirée leur durée de vie au-delà de 2030 et que le denier projet prendre fin en 2024, soit deux ans avant la livraison du premier P-8 prévu pour 2026. Ce dossier-là nous démontre une nouvelle fois que le gouvernement est incapable d’avoir une vision à long terme de ses besoins et qu’il est incapable de les coordonner avec l’industrie. C’est une nouvelle preuve qu’il nous faut une stratégie aérospatiale à long terme au Canada. »
L’importance de développer notre propre autonomie en matière de défense
Le contexte géopolitique actuel est extrêmement tendu avec la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, les tensions dans l’arctique et entre la Chine et Taiwan. Cette situation qui met une pression énorme sur les fournisseurs de matériel militaire et sa chaine d’approvisionnement est une invitation à développer davantage notre propre autonomie et notre souveraineté en matière de défense aérienne.
« Afin de pouvoir travailler efficacement avec nos alliés, on devrait miser sur le développement de nos propres capacités, de nos propres projets, plaide le vice-président canadien de l’AIMTA. En se fiant en priorité sur les autres pour nous approvisionner nous allons finir par avoir un problème. Dans le secteur aérospatial, nous sommes déjà reconnus mondialement pour notre savoir-faire, raison de plus pour nous faire confiance et permettre à nos entreprises de compétitionner pour ce contrat. »
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Le Syndicat des Machinistes (AIMTA) est le plus important syndicat au monde en aérospatiale avec plus 184 000 membres répartis sur 1 000 conventions collectives. Actif au sein de l’industrie aérospatiale québécoise depuis 1940, l’AIMTA représente aujourd’hui plus de 60% des travailleurs et des travailleuses syndiquées du secteur. Nous retrouvons entre autres des membres des Machinistes chez Bombardier, Airbus, Airbus Atlantic, Héroux-Devtek, Daher,Tekalia, Abipa, Lauak, L3-Harris, AJ-Walter, Air Canada, Air Transat.
Pour informations :
Guillaume Valois, responsable des relations publiques et de la recherche
514-966-0915
g.valois@aimta712.org
For more information:
David Chartrand, IAMAW Canadian General Vice President
514-231-9100
dchartrand@iamaw.org