Histoire des travailleurs de race noire au Canada et l’AIMTA

Histoire des travailleurs de race noire au Canada et l’AIMTA

Les femmes et les Afro-Canadiens ont fait leur entrée massive dans le marché du travail en 1940, en pleine Deuxième Guerre mondiale. À la fin de la guerre, le taux d’emploi des Noirs avait augmenté de 150 %.

Toutefois, les syndicats n’étaient pas aussi engagés quand il était question de défendre les droits des travailleurs de couleur. Au total, 31 syndicats affiliés à la Fédération américaine du travail (FAT) refusaient de représenter les travailleurs de race noire, tout comme les fraternités ferroviaires. Nombre de syndicats, dont le Congrès des organisations industrielles (COI), avaient des sections locales ségrégées. L’Association internationale des machinistes interdisait aussi l’adhésion aux Noirs.

Aux États-Unis, des activistes comme A. Philip Randolph ont fondé des syndicats pour les Afro-Américains, puisque la majorité des syndicats interdisaient l’adhésion aux Noirs. La Fraternité des porteurs de wagons-dortoirs a été un des premiers syndicats à accepter des Noirs dans ses rangs.

Au Canada, c’est Stanley Grizzle qui dirigeait cette Fraternité. Né à Toronto en 1918 de parents immigrants d’origine jamaïcaine, il a été élu président de sa section locale et a forcé le Chemin de fer Canadien Pacifique a ouvrir ses rangs cadres aux Noirs. Il a aussi poussé d’autres causes et a été un leader de la lutte pour les droits civils au Canada au cours des années 1950, travaillant avec le Comité intersyndical pour mettre fin à l’intolérance raciale.

En 1959, Grizzle et Jack White (FIOE et le premier représentant de race noire du SCFP) ont été les premiers Noirs au Canada à se présenter candidats à une élection provinciale à l’Assemblée législative de l’Ontario sous la bannière de la Fédération du commonwealth coopératif (aujourd’hui le Nouveau Parti démocratique). En 1960, Grizzle est passé à l’emploi de la Commission des relations de travail de l’Ontario et a été nommé juge de la citoyenneté en 1978.

Bromley Lloyd Armstrong, né en Jamaïque en 1926, a été actif au début de l’ère des droits civils au Canada, dès son arrivée au pays en 1947. Armstrong était un militant syndical engagé qui voulait améliorer les conditions de vie des travailleurs. De plus, il a fait activement la promotion de l’égalité des droits pour les Afro-Canadiens et a milité pour la National Unity Association (NUA), participant à des occupations de restaurants de Dresden, en Ontario, qui refusaient de servir les Noirs. Grâce à son courage, le gouvernement de l’Ontario a fini par adopter deux lois, une sur les pratiques d’emploi équitables et une autre sur les mesures d’accommodement équitables.

Roman Mayfield :  Lorsque Roman a été embauché par l’usine de Boeing à Seattle en 1946, les travailleurs de couleur n’avaient pas le droit de se syndiquer. Roman assistait néanmoins à toutes les assemblées syndicales, même s’il ne pouvait y participer activement. Le syndicat a fini par reconnaître les minorités et Roman est devenu membre en 1950. Il a été une figure iconique au congrès de la Grande loge à San Francisco deux ans plus tard. Une résolution y a été adoptée en son honneur pour l’époque où l’AIM interdisait l’adhésion syndicale aux Afro-Américains. Les temps ont changé, grâce notamment au travail acharné de Roman au cours des années.

Le confrère Mayfield a consacré sa vie au syndicat et a été l’un des rares à avoir participé à nos cinq grèves. Lors de chaque grève, il a fait bien plus que du simple piquetage. Il y a joué un rôle actif en distribuant des chèques aux grévistes, coordonnant les services alimentaires sur la ligne de piquetage, prodiguant des conseils à d’autres grévistes et aidant partout où il pouvait être utile. Venir en aide aux autres était un véritable mode de vie pour cette personne pleine de compassion.

Au congrès de la Grande loge de 2004, les délégués ont voté à l’unanimité de nommer une des bourses en hommage à Roman A. Mayfield, membre du district 751 pendant 55 ans, aujourd’hui décédé. Cette bourse est remise à un récipiendaire qui incarne le mieux l’esprit de bénévolat et le sens profond du service communautaire qui ont si bien caractérisé le confrère Mayfield.

Voici quelques autres membres canadiens de renom :

Charlie Phillipps a été élu président de la section locale 712 de l’AIM, à Montréal, en 1964. Il fut le premier Afro-Canadien à diriger une section locale au Québec, voire au Canada.

Rod Reynolds a été élu président de la section locale 2113 de l’AIM à la fin des années 1970. Il fut le premier Afro-Canadien à diriger une section locale en Ontario. Il a pris sa retraite en 2002.

Estella Green, de la section locale 2113 de l’AIM, a été représentante de l’AIM auprès du comité de la condition féminine de la FTO. La consœur Green siège toujours aux comités nationaux des droits de la personne et de la condition féminine de l’AIM Canada, même si elle est retraitée depuis 2002.

Henry Savage, l’actuel président de la section locale 2113, a suivi dans les traces du confrère Reynolds et s’est fait élire président de la section locale 2113 en 2004.

Fraser Hendricks (SL 235) est un membre de longue date du comité exécutif.

Mike Daniel (SL 2309) a représenté sa section locale en 2007.

L’histoire des Canadiens de race noire s’étend sur quatre siècles et a été marquée par une pléthore d’expériences humaines : esclavage, abolition, lots de colonisation, service militaire, mouvement des droits de la personne. Les Afro-Canadiens ont aussi fait des contributions remarquable à la culture, à l’éducation, à la science, à la vie urbaine, au mouvement syndical, à la politique et à la justice sociale au pays.

Alors que l’AIM célèbre passionnément le Mois de l’histoire des Noirs, nous savons fort bien qu’il nous reste beaucoup de chemin à faire. L’histoire des attitudes négatives, du traitement inégal et du racisme perdure malheureusement à ce jour.

Nous, Machinistes, avons une responsabilité de traitement équitable envers tous nos membres et envers tous les citoyens qui forment notre société. Si nous réussissons à l’assumer, nous pourrons alors avoir l’assurance que des travailleurs partout peuvent être traités avec la dignité et le respect qu’ils méritent.  

Nous tentons de constituer notre propre histoire des Noirs au sein de l’AIMTA. Si vous connaissez un membre de votre section locale ou district qui a activement participé à notre syndicat, veuillez nous faire parvenir son nom, une brève description de son militantisme et une photo, si possible. Ensemble, nous bâtirons notre passé et notre avenir!

En toute solidarité,

Heather Kelley
Comités nationaux des droits de la personne et de la condition féminine de l’AIM Canada