Chaque année, le syndicat des Machinistes se joint au mouvement syndical et aux organismes de santé et sécurité d’accréditation syndicale partout au pays dans le cadre d’un effort visant à rendre hommage à la mémoire des travailleurs tués ou mutilés tragiquement dans leur milieu de travail et, surtout, à continuer de dénoncer le carnage et la perte personnelle découlant des accidents de travail et des maladies professionnelles. Ces efforts jouent un rôle essentiel de sensibilisation du public à nos efforts collectifs visant à sauver des vies et à protéger les travailleurs partout.
La perte de vie dans un milieu de travail est tragique, nonobstant où et quand elle survient. Donc, cette année, les efforts sont d’autant plus visibles en raison des événements horribles du 24 décembre 2009 en Ontario. Quatre travailleurs ont fait une chute mortelle de 13 étages lorsque l’échafaudage sur lequel ils se trouvaient a cédé. L’importance particulière de cet événement s’explique par le fait que le ministère du Travail de l’Ontario avait déjà visité et inspecté ce même site. Malgré cela, quatre travailleurs sont morts et un autre subit d’importants traitements de réadaptation depuis l’accident. Cela démontre très clairement que les mesures actuelles ne sont pas efficaces! Patrick Dillon du Conseil provincial des métiers de la construction de l’Ontario a déclaré ceci, avec raison : « Ces décès, même s’ils étaient regrettables et évitables, ont néanmoins aidé les gens à se rendre compte de la nécessité absolue de mettre fin à ce type de carnage dans les milieux de travail et de l’inefficacité totale du statu quo dans la prévention de telles tragédies. » Le système qui n’a pas protégé ces travailleurs ontariens est très similaire aux autres systèmes en place d’un bout à l’autre du pays, et cet événement fait valoir le besoin immédiat de revoir les lois et les politiques partout où des travailleurs continuent de perdre la vie en cours d’emploi. Cette tragédie a largement contribué à inciter l’Ontario à agir et à mettre sur pied un « groupe d’experts » en vue de formuler des recommandations au ministère du Travail. Bien que le mouvement syndical soit représenté à ce groupe, il reste à voir si ce dernier accouchera de réels changements. Le syndicat des Machinistes s’est adressé à l’ensemble de ses sections locales au pays pour connaître leur expérience des lacunes de leur système provincial en vue d’aider nos représentants au groupe d’experts à provoquer de réels changements dans cette province. Vos commentaires s’avèrent fort utiles et très appréciés. Depuis les événements tragiques de décembre 2009, seulement en Ontario, trois autres travailleurs ont perdu la vie dans des accidents de travail.
Le nombre d’accidents de travail avec perte de temps reconnus déclarés aux commissions des accidents du travail des provinces et des territoires d’un bout à l’autre du pays a baissé de 9 722 en 2008 par rapport à 2007, pour s’établir à 307 802. De toute évidence, le « nombre total d’accidents mortels acceptés » pour la même année à l’échelle nationale est tragique. L’Association des commissions des accidents du travail du Canada (AWCBC) fait rapport d’un total comptabilisé de 1036 décès résultant d’un accident du travail ou de causes industrielles. C’est ainsi que nombre de mères, de pères, de frères, de sœurs et d’amis au Canada n’ont jamais retourné à la maison à la fin de la journée ou sont morts de causes professionnelles en 2008. Au terme de décennies de prévention des accidents et des accidents mortels dans les milieux de travail, il est triste de constater que chaque année apporte son lot de nouvelles données statistiques qui reflètent les travesties, les cœurs brisés et les préjudices subis par toutes celles et tous ceux qui perdent un être cher dans un accident du travail.
Nous pouvons cependant nous réjouir que les efforts déployés par les militants de santé et de sécurité portent fruit : les accidents avec perte de temps sont moins nombreux. Toutefois, la gravité des accidents et le nombre d’accidents mortels demeurent répugnants. Tristement, nous pleurons la mort de plus de travailleurs aujourd’hui qu’à cette date il y a 26 ans!
Il en résulte un coût tragique et décourageant sur les plans de la vie et de la souffrance humaines. Le coût monétaire à l’économie canadienne est stupéfiant. Il reste encore beaucoup de travail à faire, et la sensibilisation du public peut y jouer un rôle de premier plan.
Nombre de sections locales organisent des événements pour commémorer le Jour de deuil. D’autres encore choisissent de participer aux activités organisées par leur conseil du travail local. Veuillez répondre à l’appel lancé par notre syndicat international encourageant une participation maximale à ces événements et activités.
Des gains majeurs ont été réalisés depuis l’adoption de lois qui tiennent les entreprises et les responsables de leurs ressources humaines criminellement responsables s’ils manquent à leurs obligations en matière de santé et de sécurité au travail (SST). L’application de ces lois demeure problématique. Le Congrès du travail du Canada (CTC) a entrepris des actions politiques pour faire corriger cette importante lacune, un peu comme MADD (Mothers Against Drunk Drivers) l’avait fait dans sa lutte contre le carnage causé sur nos routes par les conducteurs aux facultés affaiblies. Vous pouvez y faire votre part en appuyant le CTC, votre fédération des travailleurs et vos conseils du travail et en écrivant au premier ministre, aux ministres de la Justice et du Travail, au procureur général et au ministre de la Sécurité publique de votre province ou territoire. Vous pourrez vous procurer des modèles de lettres à cette fin du CTC ou de nos propres représentants nationaux de santé et sécurité.
En plus de ces gains législatifs, nous pouvons compter sur des conventions collectives qui accordent plus d’importance à la SST. Toutefois, à la lumière des statistiques qui précèdent, il reste encore beaucoup à faire.
« Pleurons les morts, luttons pour les vivants! »