Ottawa, ON – « Mes amis, on ne peut pas dire que le gouvernement actuel est ce qu’on peut avoir de mieux », a déclaré le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) fédéral Jagmeet Singh et plus de 1 700 délégués présents se sont levés d’un trait pour l’acclamer. Il s’agissait du premier discours important du parti prononcé par M. Singh depuis qu’il en a été élu le chef en octobre dernier et l’exposé oratoire de plus de 30 minutes a été interrompu à plusieurs reprises par des ovations debout.
Pourquoi ces gens se levaient-ils debout? Eh bien, pour commencer, M. Singh a dit qu’un gouvernement néodémocrate élargirait les systèmes de soins de santé universels de façon à ce qu’ils couvrent dorénavant les médicaments sur ordonnance, les services dentaires et les soins oculaires. « Le gouvernement nous appartient et il devrait faire des choix qui bâtissent une économie qui fonctionne mieux pour nous tous », a-t-il expliqué. Il s’est concentré sur l’engagement vis-à-vis l’inégalité afin de réduire l’écart de revenu entre les hommes et les femmes. Il a dénoncé le fait que la prestation de soins de santé s’est effritée en une mosaïque de services inégaux à l’échelle du Canada. Il a appuyé le mouvement #MoiAussi alors que le Parti a envisagé une politique renouvelée visant à prévenir le harcèlement dans ses rangs. Il a ciblé le racisme anti-Noirs comme étant « l’une des formes les plus pernicieuses » de sectarisme dans la société canadienne. « Nous ne pouvons pas nous attaquer à l’inégalité sans nommer les problèmes », a expliqué M. Singh. « La haine est comme un feu. Quand on l’alimente, il se répand et consume tout sur son passage. C’est pourquoi nous devons mettre fin à son évolution tous ensemble. »
Bien que 90,7 p. 100 des délégués aient voté contre la tenue d’une nouvelle course à la chefferie, M. Singh a du pain sur la planche. Les divisions au sein du Parti étaient évidentes aux yeux de ceux qui voulaient bien les voir, quoique les délégués ont appuyé l’adoption d’un projet de loi d’initiative parlementaire visant à modifier les lois du Canada régissant les faillites. Cela permettrait de nous assurer que les pensions des travailleurs sont prises en considération avant les banques et les actionnaires lorsqu’un employeur fait faillite. Cependant, il a fallu que l’auteur du projet de loi, le député néodémocrate de Hamilton, Scott Duval, lance une série d’appels pour que les délégués y prêtent attention. Le débat sur la privatisation des aéroports a eu lieu devant un duo de conférenciers avant que la question ne soit abordée. Deux délégués de l’Association internationale des machinistes (AIM) sont restés debout derrière les microphones alors qu’on refusait de leur donner l’occasion de parler d’une question d’un intérêt crucial pour leurs membres. Il y a un sentiment croissant de désillusion parmi les sympathisants syndicaux du NPD et plusieurs délégués présents au congrès tenu durant la fin de semaine ont exprimé leur insatisfaction. Mais si le mouvement syndical était mécontent, les délégués de l’extrême-gauche étaient tout aussi amers. Des tentatives ont été faites pour dominer les apparitions au micro, le président a dû relever de nombreux défis et le débat s’est enflammé et a été chargé en injures. Le débat est devenu presque inexistant à plusieurs moments durant le congrès en raison de la fréquence des rappels au Règlement et des questions de privilège.
Cela a permis de voir la démocratie à l’œuvre, avec tous ses défauts.