Par Ivana Saula
Directrice de la recherche au Canada
Nous avons entendu parler de l’impact direct des retombées financières de la pandémie et nous en avons été témoins, mais il n’est pas beaucoup rapporté que certaines entreprises ont profité de cette catastrophe. Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) a publié une étude qui met en contraste les effets de la pandémie sur les travailleurs et les PDG les mieux rémunérés.
Le rapport a révélé qu’un haut dirigeant canadien avait gagné la totalité du salaire annuel d’un travailleur typique de son entreprise avant 11 h 17 (HE) le 4 janvier 2020. Autrement dit, ce que les Canadiens moyens gagnent en un an, ce que les PDG les mieux payés gagnent avant la pause-repas.
La CCPA a recueilli de l’information auprès des entreprises qui négocient à la Bourse de Toronto et des bénéfices de leurs principaux PDG. Fait intéressant, plus du tiers des PDG figurant sur la liste des PDG les mieux rémunérés travaillent pour des entreprises qui se sont inscrites à la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), qui a aidé les employeurs à maintenir les travailleurs sur la liste de paye. La subvention couvrait jusqu’à 75 % du salaire d’un travailleur jusqu’à concurrence de 847 $ par semaine, alors que les employeurs étaient encouragés à couvrir les 25 % restants. La plupart des entreprises ne couvraient pas les 25 % restants, mais payaient plutôt des primes généreuses à leurs dirigeants.
N’oubliez pas que 90 % des gains des PDG ne proviennent pas de leur salaire; la majorité provient de primes en espèces, d’options d’achat d’actions, d’actions et d’autres sources, qui ne sont pas imposables et qui restent dans leurs poches.
Le slogan selon lequel nous sommes ensemble ne sonne pas vrai : certains profitent de cette catastrophe et progressent, d’autres peinent, tandis que d’autres prennent du retard et auront besoin de dizaines d’années pour se rattraper. Bien qu’on nous ait dit que les gens qui profitent des échappatoires dans les prestations d’urgence sont un problème, le vrai problème est ignoré; les riches s’enrichissent, les inégalités s’accroissent et les travailleurs canadiens font les frais d’une autre crise.
Il y a des preuves partout autour de nous que nous, les travailleurs, sommes attaqués (vous serez peut-être surpris qu’au Canada, la fourchette pour la classe moyenne varie de 45 000 $ à 130 000 $ par année, selon la région.)
La plus forte inoculation contre cette cupidité et l’injustice systémique est de devenir actif dans votre communauté, et votre syndicat. Intéressez-vous à votre convention collective, à un comité, à l’action politique, à la négociation, au lobbying parce que la somme de toutes ces actions fait une différence dans votre vie et mène au changement.
La situation peut sembler désastreuse, et il est certain que « tout ce qui se passe ne peut pas changer, mais rien ne peut changer tant qu’on n’y est pas confronté ». James Baldwin, auteur américain, poète, dramaturge, activiste.
Source de l’image : Centre canadien de politiques alternatives