Toronto, ON – Il est en poste depuis moins de six mois et, déjà, le premier ministre Doug Ford sème l’émoi dans la province de l’Ontario et a réussi à créer une tourmente politique pour ses homologues fédéraux.
Jeudi dernier, M. Ford a décidé d’éliminer certains services en français en Ontario en ne prêtant apparemment aucune attention au tort que la décision a sur le sort qui attend le chef conservateur Andrew Scheer aux prochaines élections fédérales.
Des gestes comme celui-ci et toutes les séances de photos de M. Ford et de M. Scheer pointent vers la culpabilité par association aux yeux de l’électeur. Comme l’a indiqué l’un des membres de l’équipe de M. Scheer au Huffington Post Canada dimanche, « nous sommes associés à une décision que nous n’avons pas aidé à prendre, dont nous n’étions pas au courant. »
Durant la mise à jour de jeudi dernier relativement à la situation financière, le premier ministre Ford a annoncé que son gouvernement annulerait un projet de construction d’une université francophone à Toronto et qu’il éliminerait le poste de commissaire aux services en français. Le gouvernement a affirmé que cette décision était une mesure de réduction des coûts, bien qu’il n’ait pas révélé combien d’argent il s’attendait à économiser en mettant cette mesure en application. « Tout le monde à l’échelle de la province devra faire des sacrifices, sans exception », a déclaré le ministre des Finances de l’Ontario, Vic Fedeli, qui représente la circonscription de Nipissing, à prédominance francophone.
Cela a soulevé une tempête de protestations exprimant l’indignation dans les chroniques et les éditoriaux de chacun des principaux quotidiens au Québec. Il semble qu’avec cette décision, M. Ford ait, par inadvertance, donné tout son sens à l’expression « l’histoire se répète ». Les porte-parole des partis fédéraux comparent la décision à celle de l’ancien premier ministre Stephen Harper de couper dans les services offerts aux anciens combattants.
Combinons-la aux autres décisions suivantes :
- Le démantèlement du projet de loi 148, qui prévoyait au moins trois semaines de congé annuel aux travailleurs et travailleuses ayant accumulé plus de cinq ans de service et un salaire minimum de 15 $ de l’heure, un projet de loi que plusieurs appelaient la législation du travail la plus progressive en 30 ans;
- La réduction de moitié du conseil municipal de Toronto;
- Des coupures dans l’établissement et la formation des réfugiés;
- Le retour de l’éducation sexuelle aux normes de 1998;
- L’élimination de la taxe sur le carbone;
- L’élimination du Programme de plafonnement et échange;
- L’annulation du programme pilote portant sur le revenu de base de l’Ontario;
- L’annulation du programme de réparation de l’infrastructure scolaire de 100 millions de dollars;
- L’augmentation du seuil minimal pour l’obtention de statut de parti officiel de huit à douze sièges à l’Assemblée législative;
- L’élimination de trois postes de hauts fonctionnaires indépendants qui relèvent de la législature, à savoir les postes de commissaire à l’environnement, de commissaire aux services en français et de protecteur provincial des enfants;
- L’élimination des médicaments sur ordonnance gratuits aux personnes âgées de moins de 25 ans protégées par une assurance privée;
- L’annulation du projet de parc éolien White Pines;
- L’élimination de la Table ronde sur la violence envers les femmes.
Ce sont là toutes les choses que Doug Ford et son gouvernement ont enlevé au peuple. Ce que son gouvernement a donné aux contribuables de l’Ontario, c’est une série de scandales. Le ministre du Développement économique et du Commerce de l’Ontario Jim Wilson a démissionné en raison d’accusations d’agression sexuelle. Un des hommes de main du premier ministre, Andrew Kimber, a quitté son poste pour avoir présumément envoyé des textos déplacés à caractère sexuel. Le ministre des Services correctionnels de M. Ford a été rétrogradé après que son cabinet d’avocats et lui aient été mêlés à plusieurs poursuites. La bière à un dollar et la réduction de dix cents le litre à la pompe à essence sont deux promesses électorales qui n’ont pas été tenues par le gouvernement Ford.
Ce qui semble émerger de Queen’s Park est une « kakistocratie », un terme qui date de 1644 et qui se traduit en gros par « dirigé par le pire, un gouvernement dirigé par le moins qualifié ».
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