Dans le plus récent décret qu’il a signé, le président américain, Donald Trump, ordonne aux agences fédérales américaines de donner suite au mandat « Buy American, Hire American » – une pierre angulaire de sa campagne électorale prônant l’approvisionnement en produits de fabrication américaine et l’embauche de travailleurs américains. Dans le cadre d’une visite au siège de Snap-On Tools, à Kenosha, au Wisconsin, cette semaine, Trump a fait l’éloge du courage et du talent des Américains tout en qualifiant l’ALENA de « désastre complet et total ». « Ce décret protégera les travailleurs », a-t-il déclaré. Selon des représentants de l’administration américaine, les règles prônant l’approvisionnement et l’embauche en sol américain ont été énormément diluées au fil du temps, se soldant par de nombreuses pertes d’emploi au sein de la classe ouvrière américaine.
Cependant, alors que Trump qualifie l’ALENA de désastre complet et total pour les travailleurs américains, la situation que l’accord commercial a créée pour les travailleurs canadiens n’est pas plus rose. Le secteur manufacturier dans le sud de l’Ontario a été décimé par l’ALENA. En effet, l’économie de succursales stable qui y existait depuis des décennies a été éliminée. Avant l’ALENA, si vous vouliez vendre vos produits au Canada, vous deviez les fabriquer ici ou encore payer un tarif pour pénétrer le marché. C’est dans le sud de l’Ontario où les choses étaient faites. En l’absence de barrières tarifaires, des usines ont été relocalisées plus au sud, au Mexique, ou encore de l’autre côté du Pacifique, en Chine, au nom de la main-d’œuvre bon marché et de la quête de profits toujours plus élevés. Des usines ont fermé et des milliers d’emplois manufacturiers ont disparu. Dans nombre de cas, ces emplois bien rémunérés étaient occupés par des Machinistes. Au Québec, le secteur manufacturier a connu un sort similaire. La fermeture de l’usine d’Electrolux à Montréal a rayé de la carte 1100 emplois occupés par des Machinistes. L’usine a été relocalisée au Tennessee – un État ayant adopté une loi sur le droit au travail. La main-d’œuvre n’y est pas syndiquée et l’usine bénéficie d’incitatifs fiscaux attrayants.
Ce n’est donc pas une surprise si, dans le cadre du récent congrès de l’AIM sur les transports tenu à Las Vegas, le vice-président général canadien de l’AIM, Stan Pickthall, a saisi l’occasion pour rappeler à nos consœurs et confrères américains l’impact qu’une politique « Buy American » peut avoir sur les membres de l’AIM au nord de la frontière.
« Nous sommes votre principal partenaire commercial et l’AIM représente 40 000 membres au Canada. Nous ne sommes pas la Chine, a déclaré Pickthall. Personne ne souhaite voir un seul de nos membres perdre son emploi, de l’un ou l’autre côté de la frontière. Personne ne souhaite devoir sacrifier un emploi de l’AIM pour en sauver un autre. Nous devons travailler ensemble. »