J’ai récemment lu un article plutôt long, mais très intéressant sur le système de gestion de la sécurité (SGS) au Canada, intitulé Fly At Your Own Risk: Why is Transport Canada moving toward self-regulation for the country’s airlines?
Il arrive parfois qu’on lise un article sur lequel on ne peut simplement pas fermer les yeux, un article qui saisit l’essence même d’une question dans son ensemble, présentée de la perspective d’une autre personne. Cet article a été publié dans le magazine The Walrus. Il fait 13 pages, mais il est très bien écrit et offre un récit convaincant à quiconque, que vous soyez un mécanicien ou un Canadien ordinaire, souhaitant savoir et comprendre où se dirige notre pays en matière de sécurité aérienne.
L’article relate la quête de Kirsten Stevens à la recherche de réponses à la suite du décès de son mari, Dave, dans un écrasement d’avion sur la côte ouest en Colombie-Britannique en 2005. Après qu’elle n’a pu obtenir de réponses satisfaisantes des différents organismes de réglementation responsables de la sécurité aérienne pour le gouvernement, elle a levé le ton et s’est lancée dans une bataille contre l’assouplissement des normes de sécurité aérienne au Canada et la mise en œuvre de systèmes de gestion de la sécurité (ou SGS). Des mécaniciens d’un bout à l’autre du pays craignent depuis longtemps la nouvelle initiative des SGS de Transports Canada, laquelle n’a toujours pas été soumise à une consultation publique en bonne et due forme. Et, pour compliquer la situation davantage, il existe des exemples flagrants de défaillances de systèmes au sud de la frontière, dont le clouage au sol du parc d’aéronefs de Southwest Airlines, l’imposition d’amendes par la FAA et des histoires similaires touchant d’autres lignes aériennes dont American Airlines et Continental.
Devrons-nous attendre qu’une catastrophe se produise ici au Canada pour convaincre Transports Canada d’abandonner totalement le SGS? Après tout, qui croit réellement qu’on puisse confier aux renards la responsabilité de surveiller les poulets?
Cet article écrit par Carol Shaben respecte des normes journalistiques très élevées. Certains d’entre vous ne se préoccupent peut-être même pas de l’aviation canadienne ou du SGS. Mais voilà le défi que je vous lance. Lisez quelques-uns des paragraphes extraits de l’article et reproduits ci-dessous. Si j’ai réussi à susciter votre curiosité, alors cliquez sur le lien à la fin pour lire le texte intégral de l’article (en anglais). Si vous prenez cette question à cœur, je vous garantis que vous allez lire l’article dans son entièreté parce que ça concerne quelque chose de très concret. Il s’agit de votre travail de maintenance à domicile, et vos proches ou vos amis pourraient aussi être touchés.
Fly At Your Own Risk: Why is Transport Canada moving toward self-regulation for the country’s airlines?
Par Carol Shaben (Eamon Mac Mahon, photographe)
Extraits (traduits librement) ci-dessous…
« Lorsqu’elle s’est rendu compte que le décès de son mari aurait pu être évité, Stevens s’est mise à lire tout ce qu’elle pouvait sur l’industrie aéronautique : la réglementation canadienne sur l’aéronautique, la Loi sur l’aéronautique, des rapports d’enquête sur des écrasements, des études et des recommandations en matière d’aviation civile ainsi que des livres portant des titres comme Managing the Risks of Organizational Accidents; Black Box: Why Air Safety Is No Accident et Flying Blind, Flying Safe. Aussi, elle a adhéré à AvCanada, le site Web et forum de discussion sur les emplois dans l’industrie aéronautique le plus achalandé au Canada, où elle a appris que nombre de professionnels de l’aviation étaient aussi préoccupés qu’elle par le manque de surveillance des transporteurs aériens commerciaux du Canada.
« Depuis, elle a étendu la portée de sa mission pour s’attaquer à l’assouplissement généralisé des normes canadiennes de sécurité aérienne, surtout à la récente législation fédérale préconisant une approche de réduction des coûts, ce qu’on nomme le système de gestion de la sécurité ou SGS. Le SGS est une forme d’autoréglementation de l’industrie qui confie aux lignes aériennes le développement et la mise à jour de leurs propres protocoles de sécurité. En vertu du SGS, le gouvernement confie une bonne partie de la responsabilité d’assurer une surveillance active aux lignes aériennes elles-mêmes. Cette législation suit son cours au Parlement sous diverses formes depuis 2001. Le plus récemment, le projet de loi C-7 (Loi modifiant la Loi sur l’aéronautique) est mort au feuilleton en septembre dernier lorsque le Parlement a été dissous en prévision de l’élection fédérale, mais Transports Canada va néanmoins de l’avant avec le SGS. Le ministère des Transports vise une mise en œuvre complète du protocole dans toutes les organisations d’aviation civile réglementées d’ici novembre 2011. À l’instar d’autres critiques, Stevens accuse le gouvernement d’avoir recours à l’autoréglementation pour justifier sa décision de sabrer dans les programmes de surveillance traditionnels. Elle a organisé une vigoureuse campagne pour stopper Transports Canada, laquelle reçoit l’appui de pilotes, de familles de victimes, de dénonciateurs et d’organisations d’un bout à l’autre du pays.
http://www.walrusmagazine.com/print/2009.11-transport-fly-at-your-own-risk/
Carlos DaCosta
Coordonnateur des lignes aériennes
AIMTA Canada