L’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) publiait récemment une étude comparative sur les soins de longue durée dans 16 pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) dont les résultats montrent clairement que le système de soins de longue durée du Canada est moins performant que celui de la plupart des autres pays. Cette étude est un indicateur supplémentaire de l’ampleur de la crise qui sévit dans ce secteur.
Le plus inquiétant est peut-être le fait que le taux de mortalité dans les foyers de soins de longue durée au Canada est le plus élevé des 16 pays. L’étude concluait que « les résidents des foyers de soins de longue durée représentent 81 % de tous les décès dus à la COVID-19 signalés au Canada, comparativement à une moyenne de 42 % dans les autres pays de l’OCDE (allant de moins de 10 % en Slovénie et en Hongrie à 66 % en Espagne) » (trad.) Le vice-président général, Stan Pickthall, a déclaré : « Ce n’est pas seulement alarmant, c’est inacceptable. Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent rapidement prendre des mesures pour protéger les résidents et le personnel de soins de longue durée ».
Un fait établi de longue date est que les niveaux de dotation en personnel sont directement liés à la qualité des soins ainsi qu’à la sécurité des résidents et des patients. L’étude de l’ICIS étaye ce que l’AIMTA préconise, à savoir de meilleurs niveaux de dotation dans l’ensemble du système de soins de santé, ce qui est particulièrement urgent dans le domaine des soins de longue durée. Par rapport à d’autres pays, en 2018, le Canada comptait moins de travailleurs de la santé (infirmières et préposés aux services au soutien de la personne) par tranche de 100 résidents âgés dans les foyers de soins de longue durée, soit un taux deux fois moins élevé que celui des Pays-Bas et de la Norvège. L’AIMTA a demandé que soit augmenté le financement consacré à la formation des PSSP et qu’ils soient rémunérés pour le travail qualifié qu’ils effectuent et les risques qu’ils courent.
L’étude a également révélé qu’au Canada, plus de 9 650 travailleurs de soins de longue durée ont contracté la COVID-19, ce qui représente plus de 10 % du nombre total de cas au pays. Le nombre élevé du taux d’infection parmi les salariés et de décès de résidents dans les foyers de soins de longue durée témoigne du fait que les employeurs n’étaient pas préparés, mais surtout que ce secteur comptait sur un personnel minimal, les employés travaillant dans plusieurs foyers afin de joindre les deux bouts.
Malgré les nombreuses études qui mettent en évidence les conditions épouvantables dans le secteur des soins de longue durée et dont les conclusions soulignent constamment la nécessité d’adresser les problèmes de personnel, d’emploi précaire et du financement du secteur, le gouvernement de Doug Ford s’oriente vers une plus grande privatisation.
La privatisation est à l’origine de la crise dans le secteur des soins de longue durée : « Combien d’autres études, rapports et crises faudra-t-il encore observer avant que le gouvernement provincial n’agisse? Combien d’autres vies doivent être mises en danger avant que ce gouvernement ne prenne des mesures pour protéger ses plus vulnérables? » a demandé M. Pickthall.
L’AIMTA continuera de militer contre la privatisation des soins de longue durée, dans l’intérêt des résidents et des travailleurs. Nous exhortons tous nos membres et le public à faire tout ce qu’ils peuvent pour faire savoir au gouvernement que la privatisation est dangereusement téméraire pour nos collectivités.