Par Aurélie Sarrabezolles, directrice de la recherche
Nous pensions que le Partenariat transpacifique (PTP) était mort et enterré depuis la décision du nouveau président américain d’y retirer son pays. Ce n’est plus le cas. En fait, le Canada, le Japon, le Mexique, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, le Pérou, le Brunei, la Malaisie, Singapour et le Vietnam sont les pays qui poursuivent la négociation de cet accord nuisible. Le Japon est le plus grand joueur ayant décidé d’aller de l’avant sans les États-Unis.
Quant au gouvernement libéral canadien, il se montre favorable au commerce au détriment des travailleurs canadiens et exerce aussi des pressions pour négocier le PTP. Des réunions à huis clos se sont tenues avec des délégués commerciaux à Toronto au début de mai. L’AIM est très critique de ce processus opaque et demande que les syndicats participent aux négociations.
Nous connaissons les ravages que d’anciens accords de libre-échange ont faits dans l’économie canadienne. Ces accords ont négligé la main-d’œuvre et mené au démantèlement du secteur manufacturier. Comme l’a fait valoir Andrew Jackson de l’Institut Broadbent : [traduction] « Les principaux perdants ont été les travailleurs moyennement qualifiés dans les pays très industrialisés. Ils ont encaissé des pertes d’emplois et leurs salaires ont stagné. Par ailleurs, la production manufacturière et les nouveaux investissements manufacturiers sont passés du côté des pays en développement où les salaires sont faibles. Une intensification du commerce nord-sud, surtout avec la Chine, aujourd’hui l’atelier du monde, a exercé de fortes pressions vers le bas sur les salaires et forcé les installations manufacturières ayant survécu dans les économies avancées d’accroître de beaucoup leur intensité de capital, intensifiant du coup les pressions sur l’emploi. »
Maintenant que le PTP est de nouveau sur la table de négociation des délégués commerciaux, le Canada envisage la signature d’un accord bilatéral avec la Chine et a entamé des discussions avec le Japon en 2012 sur l’Accord de partenariat économique Canada-Japon (APECJ).
L’Accord sur le commerce des services (ACS) est un autre accord multilatéral qui fait toujours l’objet de négociations. Cet accord majeur vise la libéralisation et la déréglementation de services au sein des pays partenaires suivants : le Canada, les États-Unis, l’Union européenne (Belgique, France, Grèce, Hongrie, Allemagne, Autriche, Bulgarie, Croatie, Chypre, République tchèque, Slovaquie, Finlande, Lettonie, Italie, Irlande, Lituanie, Pologne, Portugal, Slovénie, Espagne, Luxembourg, Roumanie, Pays-Bas, Suède, Estonie, Danemark, Malte et Royaume-Uni), l’Australie, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, Hong Kong, l’Islande, Israël, le Japon, le Liechtenstein, Maurice, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Pakistan, le Panama, le Pérou, la Corée, la Suisse, Taïwan et la Turquie.
La Fédération internationale des ouvriers du transport (l’ITF) a récemment lancé une nouvelle campagne intitulée TiSA means trouble. Cette campagne dénonce l’opacité des rondes de négociation qui se déroulent entre les 22 pays ainsi que les dangers auxquels les travailleurs seront exposés si l’ACS est ratifié.
Dans le cadre du Sommet sur le progrès 2017, le grand débat sur le libre-échange s’est tenu le 7 avril 2017. La question posée aux panélistes était la suivante : « Les accords commerciaux ont-ils bien servi l’intérêt public? » Du côté négatif, mentionnons l’absence d’inclusion des syndicats dans le processus de négociation ou de reconnaissance des droits des travailleurs dans les accords de libre-échange. Le gouvernement Trudeau persiste à affirmer qu’il est favorable aux accords « de libre-échange progressistes », mais il a encore à en faire la démonstration et à inviter les syndicats à participer aux décisions menant à la ratification de ces accords de libre-échange.
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