L’Association internationale des machinistes (AIM) soulève de vives préoccupations en ce qui concerne l’orientation des politiques commerciales de l’administration Trump annoncées récemment. « Critiquer les pratiques commerciales du Canada ne contribue pas à l’amélioration de la qualité de vie de nos membres, qui ont été tellement dévastés par un programme commercial qui favorise les sociétés aux dépens des travailleurs et travailleuses », déclare Bob Martinez, président international de l’AIM. « Cette administration devrait mettre l’accent sur nos efforts visant à arrêter la Chine d’enfreindre les règles commerciales et non à insulter notre allié le plus proche. » Le vice-président général de l’AIM Stan Pickthall a répété ces objections : « Dans l’environnement actuel dans lequel le président des États-Unis prétend que le Canada représente une ‘menace pour la sécurité nationale’, il est absolument crucial qu’en tant que consœurs et confrères syndicaux, nous soyons unis d’un côté et de l’autre de notre frontière et que nous collaborions tous de façon solidaire. Cela est plus important encore lorsque nous avons des industries en commun, comme celles de l’aérospatiale et celle de la défense. »
L’AIM continue d’appuyer vigoureusement les efforts visant à arrêter la Chine d’imposer le transfert de la technologie et de la production à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au moyen de tarifs et de mesures multilatérales. Nous continuons également d’appuyer les tarifs sur l’acier et l’aluminium provenant de mesures de dumping de la Chine. Ne vous laissez toutefois pas tromper, « l’AIM s’oppose fermement à l’imposition de tarifs sur l’acier et l’aluminium canadiens et au début d’une guerre commerciale avec notre ami et allié, le Canada », précise M. Martinez.
Au lieu de cibler le Canada, l’administration Trump devrait également mettre l’accent sur l’énergie qu’elle consacre à négocier des changements radicaux qui seront avantageux pour tous les travailleurs et travailleuses en Amérique du Nord à apporter à l’ALENA. Parmi les nombreuses autres dispositions, les négociateurs ne doivent pas se contenter d’une disposition en matière de travail qui reproduit ce qui a été proposé dans le l’Accord sur le Partenariat transpacifique (PTP). C’est pourquoi nous exigeons qu’un ALENA renégocié stipule explicitement que les normes du travail soient définies par les Conventions adoptées par l’Organisation internationale du Travail (OIT), un organisme sous l’égide de l’Office des nations unies.
La proposition du Canada reflète le plus fidèlement cette demande. En outre, les négociateurs canadiens ont la bonne approche : les lois sur le droit au travail aux États-Unis ne sont rien d’autre qu’un subterfuge pour empêcher les travailleurs et travailleuses de se syndiquer. L’AIM continue d’exhorter les négociateurs américains d’incorporer explicitement les Conventions de l’OIT dans le chapitre sur le travail proposé.
La sécurité nationale des États-Unis et celle du Canada dépendent l’une de l’autre. Les lois américaines et canadiennes sur l’approvisionnement doivent reconnaître que les produits fabriqués par les travailleurs et travailleuses dans les deux pays sont essentiels à la protection et à la sécurité de nos deux grands pays. Des modifications législatives récentes concernant les lois favorisant l’achat de produits américains qu’appuie l’AIM ne changeraient aucunement les dérogations actuelles à la sécurité nationale sur lesquelles on peut compter pour se procurer des biens provenant du Canada.
« L’AIM reconnaît et appuie également l’importance cruciale d’assurer le maintien de l’Accord canado-américain sur le partage de la production de défense (DPSA) et de l’Accord canado-américain sur le partage du développement industriel pour la défense (DDSA) », indique M. Martinez. Ces programmes constituent une autre preuve de notre relation économique interdépendante, essentielle à la sécurité américaine et canadienne. « C’est d’une importance capitale que le DPSA canado-américain soit maintenu au profit des travailleurs et travailleuses des deux pays. En notre qualité de membres de l’AIM, nous lutterons pour veiller à ce que cet Accord se poursuive et pour que l’on traite nos consœurs et confrères canadiens de façon égale dans les soumissions relatives à ces travaux », déclare M. Pickthall. « Les chaînes d’approvisionnement au sein des industries manufacturières comme celle de l’aérospatiale ont développé un niveau de partenariat qui s’étend bien au-delà de nos frontières. Nous serons tous perdants si nous continuons de poursuivre cette voie qui pourrait conduire à des pertes d’emplois et à un affaiblissement de l’activité économique dans nos deux pays », prévient David Chartrand, coordonnateur de l’AIM au Québec.
« En cette période d’incertitude croissante, il est plus crucial que jamais que nous adoptions des politiques commerciales qui rapprochent davantage les États-Unis et le Canada, au lieu de nous déchirer. Nous exhortons l’administration Trump de recentrer ses efforts sur la réduction des pratiques commerciales de la Chine et sur la renégociation de l’ALENA de façon à y incorporer de rigoureuses normes du travail applicables, explicitement reflétées par les Conventions de l’OIT. Insulter notre ami et allié le plus proche n’est pas dans le meilleur intérêt des travailleuses et des travailleurs américains et canadiens », conclut M. Martinez.
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