Les syndicats ne s’en tiennent pas à défendre le droit des travailleuses et des travailleurs à des emplois décents, et c'est pourquoi le mouvement syndical ne ménage aucun effort pour rendre les lieux de travail plus sécuritaires pour tout le monde. Pourtant, chaque année, des milliers de Canadiennes et de Canadiens sont tués ou blessés au travail ou meurent des suites d'une maladie liée au travail. En 2012, 979 Canadiennes et Canadiens sont morts en raison de leurs conditions de travail, mais nous savons que ce chiffre est plus élevé, car les chiffres officiels ne tiennent compte que des personnes qui perçoivent des indemnités pour accident du travail. Des centaines d’autres meurent de maladies non déclarées et de maladies professionnelles dont ne tient pas compte le processus d’indemnisation.
En dépit de la fréquence de ces décès tragiques, les entreprises qui entraînent la mort de travailleuses et de travailleurs font rarement l'objet d'un examen public, politique ou juridique. Alors que la police mène couramment des enquêtes et engage des poursuites en cas d’homicide, il semblerait que les règles soient différentes quand il s’agit d’accidents mortels sur le lieu de travail. Il est intolérable que les entreprises négligent délibérément de mettre en place des mesures de santé et de sécurité permettant de prévenir les accidents mortels et les blessures. Ainsi, près de deux ans après qu’une explosion et l’incendie qui a suivi aient causé la mort de deux travailleurs à Burns Lake, en Colombie-Britannique, aucune poursuite pour motif criminel ou en vertu des règlements des commissions provinciales des accidents de travail ou des lois sur la santé et la sécurité n’a pu être engagée. La justice n'est pas rendue. Les employeurs qui font preuve de négligence doivent faire l'objet d'un contrôle approfondi pour établir leur éventuelle responsabilité criminelle.
Les gouvernements sont responsables de faire respecter correctement les lois sur la santé et la sécurité et le Code criminel. Et pourtant, les mêmes politiciens qui prétendent vouloir sévir contre le crime se montrent indulgents envers les entreprises responsables des accidents mortels et des blessures que subissent leurs employés. Il s'agit d'un traitement inégal devant la loi, où les règles gouvernant les enquêtes sur les accidents mortels au travail sont différentes de celles qui s'appliquent ailleurs. Le principe d'équité ne fonctionne que si les entreprises et leurs représentants sont tenus responsables — au même titre des personnes qui commettent d'autres crimes.
Le 28 avril, nous pleurons les travailleuses et les travailleurs qui sont morts. Toutefois, ces décès sont aussi un rappel à tous les niveaux de gouvernement d’assurer un meilleur respect des lois sur la santé et la sécurité et d’engager des poursuites rigoureuses pour toute infraction en cas d’accident mortel ou de blessures graves. Il est temps que les décès et les blessures sur le lieu de travail soient traités de manière juste et équitable devant la loi. Ensemble, nous avons réussi à faire des progrès dans la protection de la santé et de la sécurité des travailleuses et des travailleurs, mais nous devons continuer à défendre l'amélioration de la sécurité sur les lieux de travail.