Vendredi, 5 mars 2010
Le budget ne renferme rien de très surprenant, mais est néanmoins très décevant. En dépit du fait que le chômage est très élevé et le restera, les mesures de relance économique prendront effectivement fin après cette année. Les quelques nouveaux petits investissements dans les emplois et les compétences ne représentent même pas ce qu’il faut pour un début de stratégie visant à bâtir une nouvelle économie. Il y aura une prolongation temporaire du programme de travail partagé de l’AE, mais les quelque 500 000 demandes d’assurance-emploi soumises au cours de la grande récession arriveront à échéance. Des réductions d’impôt continuent d’être accordées aux sociétés et sont même modestement plus élevées dans ce budget. Le fardeau de la réduction du déficit devra donc reposer sur les programmes gouvernementaux. Malgré les taux d’intérêt très bas et un niveau d’endettement parmi les plus faibles des pays industriels avancés, les dépenses fédérales de programmes seront radicalement réduites. Les dépenses à l’aide internationale seront bloquées.
Bien que la reprise économique soit encore fragile à l’échelle mondiale et au Canada, le gouvernement Harper a décidé de mettre l’accent sur l’élimination du déficit. La création d’emplois aiderait à équilibrer le budget à un coût beaucoup plus faible.
2. Répercussions sur l’emploi et l’économie
Depuis octobre 2008, près de 500 000 emplois permanents ont disparu parce que la crise qui a frappé le secteur manufacturier et l’industrie forestière s’est intensifiée pour s’étendre à d’autres secteurs. Pressé de toutes parts, le gouvernement fédéral a adopté dans son dernier budget une série de mesures de relance économique qui, conjuguée à des taux d’intérêt ultra-bas, semble avoir stabilisé l’économie. Le budget estime que le plan de relance a sauvé ou créé 130 000 emplois en date d’aujourd’hui.
Toutefois, une part importante des emplois perdus ces dernières années est disparue pour de bon – sous l’effet des faillites d’entreprises et des fermetures d’usines. Selon le budget, le taux de chômage devrait atteindre 8,5 % en moyenne cette année et 7,9 % en 2011, mais le taux réel de chômage, celui qui tient compte des gens qui ont été forcés d’accepter des emplois à temps partiel ou qui ont renoncé à chercher du travail, dépasse déjà les 12 %. Les travailleuses et les travailleurs au chômage qui ne réussissent qu’à trouver des emplois précaires à faible salaire sont nombreux.